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30 mar. 2015 - par Gabriel - rubrique idé
Les ordinateurs les plus puissants du monde ne peuvent pas effectuer une traduction fidèle, encore moins en temps réel. Pourtant, les interprètes le font avec facilité. Si vous avez déjà essayé d'écouter quelqu'un parler dans une langue et de traduire en même temps ses propos, vous savez que c'est très compliqué.
C'est en vivant l'expérience au plus près, que j'ai pu juger que la traduction simultanée est quelque chose de remarquable.
Dans les cabines vitrées, installées spécialement pour l'événement, la température est élevée. Anne-Sophie est déjà installée dans l'une d'elles, très concentrée sur la prestation qu'elle va assurer dans quelques minutes. Elle relit les notes que je lui ai transmises la veille, et s'imprègne des termes techniques qui pourraient être utilisés dans les échanges. L'amphithéâtre sera plein, 263 participants sont inscrits pour cette journée pendant laquelle vont se succéder des interventions de spécialistes et des tables rondes. Je suis serein, nous avons bien préparé cet événement depuis la première fois que mon client m'a parlé de son projet, il y a bientôt 6 mois. Les interventions se feront en anglais et la traduction sera assurée en allemand, espagnol et italien. Chacune des trois cabines accueille deux interprètes et un équipement de haute qualité.
L’interprétation simultanée ne fait pas appel qu'à des compétences linguistiques
Dans la cabine, le micro est allumé, Anne-Sophie a commencé à traduire en espagnol les phrases en anglais. Pendant que l'intervenant parle, elle doit donner du sens au message composé dans une langue tout en le construisant simultanément et en articulant le même message dans une autre langue. Elle le fait en continu et en temps réel, sans demander à l'orateur de ralentir ou de clarifier quoi que ce soit. Rien dans l'évolution humaine peut avoir programmé notre cerveau pour une tâche si particulière et exigeante. Traduire en simultanée demande des capacités de polyvalence et de nuance que les ordinateurs les plus puissants n'ont pas.
La traduction simultanée est épuisante et stressante
Certains orateurs parlent trop vite. Inutile d'arrêter la traduction et de leur dire d'aller plus lentement, les gens ont un rythme naturel qu'ils reprennent rapidement. C'est à Anne-Sophie de s'adapter, elle doit vite assimiler le message. Les défis de ce genre rendent l'interprétation simultanée fatigante, et expliquent pourquoi les deux interprètes se relaient toutes les demi-heures. Lorsqu'elle se fait au travers de la vidéo, la traduction est encore plus épuisante et stressante, probablement parce que le langage du corps et les expressions faciales fournissent une partie du message, et sont plus difficiles à déchiffrer à distance. Et puis, il y a l'ennui. Certains orateurs ou sujets abordés ne tiennent pas l'attention du public qui peut sommeiller, mais l'interprète doit rester vigilante.
La compréhension du processus d’interprétation simultanée est un défi scientifique
Au laboratoire de neurosciences de Genève, l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) montre qu'il y a une très forte interaction fonctionnelle entre plusieurs régions du cerveau lorsqu'une personne entend quelque chose et doit traduire et parler en même temps. La recherche s’applique à comprendre les mécanismes qui permettent à l'interprète de contrôler ces systèmes simultanément.
Les interprètes doivent également être en mesure de composer avec le stress et l'exercice d'auto-contrôle lorsqu'ils travaillent avec une sonorisation de qualité moyenne. Certains pensent que les membres de la profession sont capricieux, délicats et jouent les divas. Aujourd'hui, rien de tout cela chez Anne-Sophie.
Sources : mon expérience et la traduction partielle d'un article relevé sur le site américain mosaicscience.com
Crédit photo : Fotolia
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